mercredi 6 mars 2013

le Déserteur

le Déserteur (1955)

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C´est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m´en vais déserter

Depuis que je suis né
J´ai vu mourir mon père
J´ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j´étais prisonnier
On m´a volé ma femme
On m´a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J´irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d´obéir
Refusez de la faire
N´allez pas à la guerre
Refusez de partir
S´il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n´aurai pas d´armes
Et qu´ils pourront tirer


Nota:
La version initiale des 2 derniers vers était:
"que je tiendrai une arme,
et que je sais tirer..."
Boris Vian a accepté la modification de son ami Mouloudji
pour conserver le côté pacifiste de la chanson!


Si c'est Mouloudji qui a crée la chanson, en mai 1954 lors de la chute de Dien Biên Phu, "Le déserteur" est l'oeuvre de Boris Vian. Chanson symbole, puisqu'elle marquait la fin d'une guerre (celle de l'Indochine) et le début d'une autre (celle d'Algérie), elle a suscité les plus vives protestations des anciens combattants, au point que leurs interprètes ont dû remplacer "Monsieur le président" par "Messieurs qu'on nomme grands". Protest-song à la française, "Le déserteur" a été repris par le trio de folk américain Peter, Paul & Mary, au milieu des années 60. 

  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire